
Trois facteurs principaux ont incité la Coalition à montrer qu’elle s’emploie activement à réduire le pouvoir des géants mondiaux de la technologie.
Au cours des derniers mois, le gouvernement fédéral s’est empressé de montrer qu’il limitait activement le pouvoir des géants mondiaux de la technologie, en introduisant une nouvelle législation pour les obliger à réglementer le comportement en ligne.
Trois facteurs principaux peuvent contribuer à expliquer cette soudaine attention.
Tout d’abord, l’enquête sur les plates-formes numériques du gendarme australien de la concurrence, publiée en juillet, a recommandé une réglementation plus stricte de Facebook et de Google, ainsi que des mesures visant à améliorer la concurrence dans les médias.
Deuxièmement, les régulateurs européens, britanniques et américains ont également étudié les moyens de mettre au pas ou de réduire les géants de la technologie, qui comptent désormais parmi les plus grandes entreprises du monde.
Enfin, la réputation des médias sociaux a encore été ternie par les révélations de dizaines de milliers de documents internes de Facebook divulgués par la lanceuse d’alerte Frances Haugen, qui montrent à quel point l’entreprise était consciente des effets négatifs de ses services et le peu qu’elle a fait pour les prévenir.
Le gouvernement a sans doute à l’œil la popularité de s’attaquer aux grandes entreprises technologiques. Le ministre des communications, Paul Fletcher, s’est particulièrement intéressé à ce secteur, arguant du point de vue de la souveraineté nationale que les lois en vigueur hors ligne devraient également s’appliquer en ligne.
Un sondage du Guardian Essential réalisé en mars a révélé un fort soutien en faveur de la réglementation des entreprises de médias sociaux, 76 % des personnes interrogées étant favorables à l’idée d’obliger ces entreprises à supprimer les informations erronées et la désinformation, 76 % étant favorables à l’idée de les obliger à divulguer les informations qu’elles détiennent sur les utilisateurs et de leur permettre de les supprimer, et 79 % étant favorables à l’idée de les empêcher de vendre des informations personnelles à d’autres entreprises.
Voici quelques-unes des mesures les plus récentes prises par le gouvernement :

Sommaire
Loi sur la sécurité en ligne
L’action du gouvernement contre les médias sociaux est principalement axée sur les nouveaux pouvoirs accordés à la commissaire à la sécurité en ligne, Julie Inman Grant, en vertu de la loi sur la sécurité en ligne, qui entrera en vigueur le 1er janvier.
Mme Inman Grant aura le pouvoir d’obliger les entreprises de médias sociaux à retirer les messages qui constituent un harcèlement en ligne et d’infliger des amendes aux entreprises et aux personnes qui ont hébergé les abus présumés. Elle aura également le pouvoir d’obtenir l’identité des comptes anonymes qui publient des abus présumés.
La nouvelle loi comprend également un certain nombre de nouvelles règles régissant les contenus sur l’internet.
Le mois dernier, Inman Grant a publié un document de synthèse sur un code industriel destiné à bloquer ou à restreindre l’accès aux contenus pour adultes en ligne, qui, selon les critiques, pourrait contraindre tous les contenus pour adultes à rester hors ligne ou à se cacher derrière une protection d’identification stricte.
Un « système d’accès restreint » annoncé cette semaine sera mis au point entre-temps, et exigera de tous les sites web hébergés en Australie qu’ils développent d’ici janvier des méthodes permettant de demander aux utilisateurs de déclarer qu’ils ont 18 ans ou plus pour les contenus classés R18+ ou de catégorie 1, ce qui signifie généralement du sexe, de la nudité à fort impact, des drogues ou de la violence.
Ces travaux déboucheront sur la « feuille de route pour la vérification de l’âge », qui sera finalisée d’ici à la fin de l’année 2022 et dans laquelle le commissaire indiquera comment le gouvernement exigera de tous les sites, quel que soit leur lieu d’hébergement, qu’ils vérifient l’âge des utilisateurs s’ils hébergent des contenus pour adultes. Cela pourrait inclure les sites de médias sociaux tels que Twitter, ainsi que la recherche Google et la vente en ligne.
Le gouvernement fédéral élabore également ce qu’il appelle un code des « attentes fondamentales en matière de sécurité en ligne », qui obligerait les entreprises technologiques à rendre compte au commissaire à la sécurité en ligne de la manière dont elles se conforment aux attentes de la loi sur la sécurité en ligne, sous peine d’amendes si elles ne le font pas.

Modifications de la loi sur la protection de la vie privée en ligne
Par ailleurs, le gouvernement exigera des plateformes de médias sociaux qu’elles vérifient l’âge des utilisateurs dans le cadre des modifications proposées à la législation sur la protection de la vie privée.
Lundi, la procureure générale fédérale, Michaelia Cash, a publié un exposé-sondage sur les lois relatives à la protection de la vie privée en ligne, qui exigerait le consentement des parents pour inscrire des enfants de moins de 16 ans sur des sites de médias sociaux.
Ces lois introduiraient également de nouvelles exigences strictes sur la manière dont les informations d’une personne sont conservées, notamment en donnant aux gens le pouvoir de refuser que leurs informations personnelles soient utilisées à des fins de marketing direct.
Des amendes plus élevées seraient prévues en cas d’atteintes graves et répétées à la vie privée, soit plus de 500 000 dollars pour un particulier et au moins 10 millions de dollars pour une organisation.
Réforme de la loi sur la diffamation
La semaine dernière, la députée Anne Webster a présenté un projet de loi d’initiative parlementaire qui donnerait au commissaire à la sécurité électronique le pouvoir d’obliger les entreprises de médias sociaux à retirer le contenu jugé raisonnablement susceptible d’être diffamatoire pour une personne qui s’est plainte auprès du commissaire. Des amendes pourraient être imposées si elles ne le font pas dans les 48 heures.
Le projet de loi permet également au ministre des communications de déterminer quelles sont les attentes fondamentales du gouvernement vis-à-vis des entreprises de médias sociaux en matière de réponse aux rapports de diffamation, mais la législation tente également d’équilibrer le potentiel de censure, en notant que le ministre doit tenir compte, entre autres, de « la valeur de la vérité et du libre débat ».
On ignore si le gouvernement fédéral adoptera le projet de loi, mais Scott Morrison a proposé de modifier la loi sur la diffamation afin de rendre les sociétés de médias sociaux responsables des contenus prétendument diffamatoires si la société refuse de dire qui est à l’origine du commentaire ou du message.
Les procureurs généraux de l’État et de l’État fédéral examinent également la question de savoir si les plateformes telles que Facebook doivent être considérées comme des éditeurs au sens de la loi sur la diffamation, et donc responsables de ce que leurs utilisateurs publient, après l’arrêt Voller de la Haute Cour, qui a jugé que les administrateurs de groupes et de pages étaient responsables des commentaires de tiers.

Mauvaise information et désinformation
Le secteur a élaboré un code volontaire, sous la direction de l’Australian Communications and Media Authority, pour lutter contre la désinformation en ligne. Les entreprises parties à ce code, dont Twitter, Facebook et Google, doivent rendre compte publiquement de leurs efforts pour lutter contre la désinformation et la mésinformation.
Le gouvernement a déclaré qu’il pourrait passer à un code obligatoire s’il n’est pas satisfait de la manière dont le code volontaire est mis en œuvre.
Concurrence en ligne
L’enquête de l’ACCC sur les plates-formes numériques a également donné lieu à des changements importants – ou à des propositions de changements – concernant Google et Facebook, notamment le code de négociation des médias d’information, qui a entraîné le versement de millions aux entreprises de médias pour l’utilisation de leur contenu, dont le Guardian Australia.
L’ACCC a également recommandé des changements qui limiteraient la domination de Google sur le marché des annonces en ligne et de la recherche, mais le gouvernement n’a pas encore répondu à ces recommandations.